À la recherche d’André Ostier

Prendre en main un fonds photographique

Une rencontre

L’aventure a débuté à l’automne 2020, rencontre inédite entre une jeune étudiante de 20 ans et un photographe qui en aurait eu 114.

J’ai rencontré les ayants droits d’André Ostier qui souhaitaient que le fonds photographique soit pris en main selon des méthodes modernes, avec des outils de communication et de commercialisation contemporains afin d’en faciliter l’accès et surtout la diffusion.

À la disparition d’André Ostier, en janvier 1994, ses archives ont été stockées par les ayants droits qui dès le début ont su évaluer l’intérêt de ses archives.

Ils ont alors créé une structure juridique, une association loi 1901, l’Association des Amis d’André Ostier qui a permis mon embauche.

André Ostier, Paris, photographe inconnu, printemps 1957

De qui parle t-on ?

André Ostier (1906-1994) est un photographe du XXème siècle, actif entre 1934 et la fin des années 1980.

Il a produit une œuvre multiple, réalisant pour l’essentiel de nombreux portraits d’artistes et d’écrivains, des prises de vues de la haute couture parisienne, des reportages sur les grands événements mondains d’après-guerre, des photos humanistes d’un Paris bousculé par l’urbanisme moderne, de nombreuses photos de voyage.

André Ostier se définissait lui-même comme « un mémorialiste, chroniqueur de son temps. »  Il était le contemporain de Brassaï, Cartier Bresson, Willy Ronis, Robert Doisneau, Cecil Beaton, génération d’artistes-photographes.

L’œuvre d’André Ostier pourrait se décliner à priori en plusieurs grands thèmes (par ordre d’importance) :

  • Portraits d’artistes : (peintres, sculpteurs, illustrateurs)
  • Portraits d’écrivains
  • Mode : grands couturiers et leurs créations
  • Bals et événements mondains (1945-1960) ou « bals et mondanités »
  • Monuments et lieux divers
  • Voyages

De quoi parle t-on ?

Lorsque l’on parle d’un fonds d’archives, on parle d’ensemble le plus complet possible. Il y a bien sûr les négatifs : c’est la matrice. Ce sont principalement des négatifs 6×6 cm, moyen format noir et blanc dans une moindre mesure et marginalement quelques 24 x 36. Il y a aussi des tirages, qui peuvent être des planches contacts, des tirages de lecture, des tirages pour publication et des tirages dit « vintage » ou « d’époque » ou tirages d’exposition dit « modernes ».

À côté des négatifs et des tirages, nous avons donc des agendas, des factures, des justificatifs de publications, des correspondances avec d’autres photographes et personnalités, des artistes, des proches, des commanditaires, des dossiers d’expositions et de publications. Ces documents sont essentiels pour contextualiser l’œuvre de l’artiste. Tous ces éléments permettent de mieux comprendre le photographe et son œuvre.

C’est en plongeant dans ces archives que j’ai découvert un métier, une œuvre et une histoire.

J’ai eu quelques vertiges au début lorsque j’ai découvert pour la première fois l’étendue du travail : des petites boîtes dans des grandes boîtes, des cartons entiers de documents…
La prise en main d’un fonds photographique peut se révéler extrêmement complexe. Cette complexité résulte essentiellement de la singularité du médium : la photographie.
Face à la pluralité et la quantité des objets et supports à traiter, ne sachant pas toujours comment nommer, évaluer, trier, classer, hiérarchiser, conserver, valoriser, je me suis sentie assez désorientée. C’est pourtant dans l’identification de chacun de ces éléments et la compréhension de leur complémentarité que j’aurai la possibilité d’avoir une parfaite connaissance de l’œuvre d’André Ostier.
J’ai réalisé que c’est en m’appuyant sur cette connaissance que je pouvais envisager à l’avenir un plan de conservation et de valorisation optimisé.

Pour toutes ces raisons, il m’est apparu nécessaire de proposer, à travers mon expérience un guide /outil simple, permettant la prise en main d’un fonds photographique.
Je m’adresse à ceux et celles qui héritent, deviennent ayants droits ou bien acquièrent un fonds. Ces veuves, veufs, enfants, petits-enfants ou héritiers qui découvrent des cartons entiers de photos au grenier ou à la cave, et qui se sentent démunis.
Que faire ? A qui s’adresser ?  Comment s’y prendre ?
Il est important de noter que cette expérience est propre à ce fonds.

Je vais tenter d’éclaircir ces sujets en passant en revue ceux auxquels j’ai fait face au cours de ces deux dernières années auprès du fonds d’André Ostier : l’inventaire, l’archivage, la conservation et enfin la valorisation.

    UN MéTIER

    UNE ŒUVRE

    UNE HISTOIRE

    La découverte

    Lors de la disparition du photographe en 1994, toutes les archives qui se trouvaient à son domicile avaient été récupérées et conservées dans leur intégralité par la famille Ostier.

    Cela comportait : négatifs, planches contact, tirages d’époque, matériel photo, catalogues et documents d’expositions personnelles, bibliothèque (littérature, livres d’art, très nombreuses revues), carnets de notes et notes éparses, agendas de 1950 à 1994, répertoires téléphoniques, documents de voyages, factures diverses, correspondance personnelle et professionnelle, documents bancaires, factures diverses, cartons d’invitations, cassettes audio, vidéo et films super 8…

    Depuis la mort d’André Ostier, les archives avaient été entreposées dans un deux-pièces à Paris puis abritées dans un garde-meuble. Puis un bureau spécifique a été construit dans le jardin de la maison d’un des ayants-droits, neveu du photographe, bureau situé à Saint-Germain-en-Laye qui devint mon lieu de travail quotidien.

    Que faire d’un fonds ?

    La première chose que vous pouvez envisager et que la famille Ostier a également envisagé, c’est… de ne rien faire !

    Il ne faut pas rire, c’est ce que décident beaucoup de photographes de leur vivant, parce qu’il est compliqué d’anticiper son retrait de la vie professionnelle et artistique qui s’étend souvent jusqu’aux derniers jours.  Beaucoup de photographes se disent : « moi, mon travail c’est de faire des photographies ». À ce moment-là, ce sont les ayants droit ou héritiers qui doivent assurer la relève et c’est toujours le plus compliqué. La conservation et la pérennité d’un fonds dépendent donc en premier lieu de la volonté du photographe.

    Concernant la famille Ostier, elle a toujours exprimé le souhait de faire perdurer cette œuvre pour respecter le désir d’André Ostier de faire vivre son œuvre post-mortem, tout en ayant pris de nombreuses années à chercher et trouver une solution : qui pour prendre en charge cet héritage ?

    L’évaluation patrimoniale du fonds s’est faite rapidement car les ayants droits ont très tôt constaté que les clichés d’André Ostier suscitaient toujours et encore beaucoup d’intérêt auprès des musées et institutions.

    Évaluation patrimoniale

    Il est primordial de commencer avant toute chose par évaluer l’intérêt d’un fonds. Cela permettra d’anticiper les moyens à mettre en œuvre pour assurer la conservation, la documentation et la valorisation.

    Pour évaluer un fonds, il faut s’intéresser :

    • à son contenu : les sujets traités (Photo-journalisme ? Mode ? Nus ? Portraits ?)
    • à sa composition : les procédés utilisés ( image positive ou négative ? Support associé opaque ou transparent ? Image en noir et blanc ou en couleur ?)
    • à son état physique : son état de conservation (images jaunies, couleurs virées, tirages roulés, gondolés, cassés, traces de colle ou de moisissures, décollements, craquèlements)
    • à son statut juridique : qui sont les ayants droits ? Y-a-t-il d’autres héritiers ? Qui détient quoi ? propriétaire(s) des droits d’auteur (droits patrimoniaux et droit moral) ?

    Le basculement de l’argentique vers le numérique, au début des années 2000, a contribué à donner une valeur patrimoniale aux fonds argentiques.

    Le photographe n’ayant laissé de son vivant aucun inventaire proprement dit, je me suis trouvée devant des armoires contenant des centaines de documents, des milliers de négatifs, de boîtes d’archives d’époque, sans beaucoup des moyens de repérage.
    Léger vertige…

    Mes premières questions ont été : dois-je tout garder ? Comment trier ? Comment range-t-on tout cela ? Quelle est la bonne méthode ? De quels outils ai-je besoin ?

    J’ai donc dû me renseigner et c’est avec beaucoup de difficultés que j’ai trouvé des informations et méthodes.

    J’ai rapidement compris que j’allais devoir faire mes armes et surtout faire preuve de patience. Toutes les réponses à mes multiples questions ne se trouveraient pas sur internet mais auprès d’experts et surtout en me faisant confiance, en ayant du bon sens.

    Munie de mon petit carnet, j’ai débuté l’analyse de mes besoins matériels et techniques pour mener mes tâches à bien.

    Je me suis équipée pour commencer : d’une grande table lumineuse, d’un scanner de négatifs professionnel haut de gamme (Plustek Opticfilm 120 Pro), avec le logiciel Silverfast 8 complémentaire, d’une imprimante-scanner, d’un serveur et de petit matériel (gants, pinces, bombes à air, produit à nettoyer les négatifs etc.)

    J’ai alors inventé mes méthodes de travail, mes outils d’investigation, de compréhension et d’analyse.

    J’ai procédé à une veille active en demandant à être reçue par les ayants-droits ou responsable d’autres fonds photographiques tel que Francine Deroudille, fille de Robert Doisneau, Stéphane Kowalski, petit-fils de Willy Ronis ou encore Lorène Durret pour le fonds Marc Riboud. Cela m’a permis d’obtenir des conseils méthodologiques très pratiques et des indications d’ordre stratégique. Tous m’ont réservé le meilleur accueil, ce qui m’a permis de réactualiser cette veille en permanence en interrogeant régulièrement mes interlocuteurs en cas de doutes.

    J’ai également la grande chance de pouvoir fréquemment échanger avec le tireur historique d’André Ostier, Thomas Consani du laboratoire PICTO, qui m’a ouvert les portes de sa chambre noire et toujours fait bénéficier de ses conseils.

    Cette veille a permis de conclure :

    • Qu’il n’existe AUCUNE méthodologie-type pour la prise en main et le développement d’un fonds photographique. Chaque fonds étant unique par sa nature, son état, son origine et sa situation patrimoniale, chaque collection demande une approche originale en dehors des exigences liées à sa préservation.
    • Qu’il s’agit d’un travail éminemment multitâche, exigeant de répondre aux questions les plus pragmatiques de classement, de rangement, d’inventaire, mais aussi d’optimisation du travail, de comptabilité, de transition numérique, de recherche, de développement commercial et de communication… pour ne citer que les principaux objectifs.
    • Qu’il ne faut pas tout vouloir tout de suite et que l’essentiel est de faciliter la diffusion des photos les plus demandées sur le marché, afin d’assurer la rentrée de droits d’auteurs, seule source de revenus permettant de poursuivre le développement.

    La mise en œuvre

    L’étude des échanges du fonds avec les institutions extérieures a révélé que la partie « Portraits d’Artistes » des archives avait de tout temps été la plus demandée et était donc la plus « bankable ».

    C’est donc vers celle-ci que j’ai concentré mes premiers efforts, réalisant des inventaires rigoureux des boîtes de négatifs et des planches contacts. J’ai simultanément scanné les négatifs pour en faciliter la recherche et bien évidemment la diffusion.  Les négatifs de cette partie sont contenus dans des boites d’époque d’une centaine de feuilles cristal chacune, boites contemporaines du photographe. En tête de chaque carnet, un inventaire manuscrit en indique le contenu.

    La partie « Bals et mondanités » a également largement été explorée dans un second temps.

    Le fonds que j’ai découvert à mon arrivé bénéficiait d’un classement informel, mais réel. Il s’est donc agit de respecter au plus près le classement d’origine réalisé par André Ostier, de le prolonger tout en le rendant exploitable par des moyens contemporains.

    Au fil du travail, une cohérence est apparue qui permet aujourd’hui de disposer d’inventaires sauvegardés sur un serveur.

    Avec l’aide de la famille, nous avons construit des meubles-tiroirs spécifiques se logeant dans les armoires existantes et permettant de classer les négatifs et de retrouver immédiatement ce que l’on cherche.

    De même nous avons adapté un ancien meuble d’architecte pour y classer de manière rationnelle tous les tirages d’époque.

    De nombreuses archives se trouvaient encore en cartons.  Ceux-ci ont été inspectés pour en relever le contenu et en partie réorganisés compte-tenu de la place disponible.

    Tri, classement, inventaire

    Avant de se lancer dans l’inventaire ou le classement d’un fonds, il faut identifier l’ensemble des tâches à réaliser (tri, classement, inventaire, dépoussiérage, marquage, conditionnement, numérisation, etc.)
    Un premier tri peut permettre de prendre connaissance des différents items et déterminer un plan de classement et d’inventaire. Le dépoussiérage, le marquage et le reconditionnement peuvent être réalisés au même moment que lors d’une opération de numérisation. Quant à l’inventaire informatisé et l’indexation, ils peuvent être menés de façon parallèle.

    Attention ! Il n’est pas recommandé de numériser avant d’avoir inventorié.
    Il est bien sûr plus facile de documenter un fonds déjà inventorié et conditionné

    A ce jour, l’ensemble des planches contacts des thèmes « portraits d’artistes » et « bals et mondanités » sont inventoriés et conservés. La numérisation des négatifs est toujours en cours. L’ensemble des tirages d’époques et modernes sont inventoriés et conservés. Différentes campagnes sont menées actuellement pour permettre une vision globale du travail d’André Ostier sur l’ensemble des sujets qu’il a traité (Voyages, Mode, Paris, Bals et mondanités, Artistes…) Ces échantillons permettent une compréhension de l’œuvre dans sa globalité et permettent aussi une diffusion sur un site internet dédié.

    Le médium étant d’une extrême fragilité, il convient que la manipulation, le conditionnement et le stockage doivent être rigoureux.

    J’ai pris les mesures nécessaires pour garantir des conditions offrant une protection efficace aux archives : ainsi que je l’ai déjà dit, je me suis munie de gants, pinces, bombes à air pour la manipulation, mais aussi d’enveloppes et boîtes saines pour garantir une température et une humidité idéale. Pour le conditionnement, on utilise des matériaux compatibles. Les papiers doivent répondre aux normes ISO 18902 et ISO 18916.

    Conditionnement et stockage

    Le conditionnement permet d’offrir une protection efficace contre la poussière, les chocs, la lumière et les variations de température et d’humidité. Mais pour être tout à fait utile et efficace, les matériaux de conditionnement doivent répondre aux normes de conservation des documents photographiques (Norme ISO 18911).

    De plus la structure et la forme des contenants doivent être adaptées aux items, aux manipulations et au mobilier de stockage.

    Certains fournisseurs officiels sont fortement recommandés comme CXD FRANCE ou HAHNEMUEHLE.

    « Connaissez-vous le jeu de Mikado ? Vous avez intérêt à vous y mettre avant de prétendre vous attaquer à un fonds photographique en jachère ! Vous tirez une pièce et tout s’écroule ! Une seconde et tout se brouille à nouveau ! Tremblement de terre ! Tsunami ! Seule solution : respirer un grand coup et tout traiter en bloc, observer, comprendre les interactions des éléments entre eux, apprendre de leur persistance et ordonner pas à pas, armé de patience. Ce n’est pas donné à tout le monde. Mais c’est finalement un jeu très amusant ! »

     

    Eric Vibart
    Ayant droit

    Enjeux numériques

    La mise en œuvre d’un plan de classement et de conservation des négatifs est la garantie de leur pérennité. Un plan de numérisation des collections est donc indissociable de la politique de conservation des fonds.

    J’ai mené jusqu’à présent une politique de conservation par la numérisation pour plusieurs raisons :

    • Conserver une copie numérique des photographies ;
    • Faciliter la recherche scientifique ;
    • Proposer une visibilité et une accessibilité du fonds ;
    • Diffuser commercialement le fonds.

    La numérisation

    La numérisation de fonds est une étape importante dans leur valorisation. En revanche, il est important de veiller à ce que la numérisation ne dénature pas les objets. La numérisation doit offrir une image la plus proche possible de l’objet en prenant en compte l’intégralité du support, la polarité de l’image (positive ou négative), sa gamme chromatique, ses valeurs, ses tonalités et ses contrastes.

    C’est une étape délicate qui a un coût et nécessite des moyens humains qui obligent parfois à faire des choix et à prioriser les besoins. Il faut donc définir les objectifs et les priorités en fonction de différents critères (unité patrimoniale, fragilité des supports originaux, obligation de présentation des œuvres, etc.). Il faut être méthodique et procéder par « campagnes de numérisation ».

    « Je suis la seule personne à voir et profiter de ces petites œuvres d’art de 6x6cm »

     

    Mes premières motivations ont été évidemment celles de la protection des originaux une fois l’opération achevée, la consultation des fichiers numériques limitant la manipulation des originaux et bien sûr l’accessibilité du fonds et sa diffusion.
    Je répète régulièrement que je suis pour l’instant (et plus pour longtemps je l’espère), la seule personne à voir et profiter de ces petites œuvres d’art de 6x6cm. Or il est urgent de faire connaître les trésors de ce fonds !

    Pour les différentes campagnes de numérisation que j’ai menées, il m’a fallu élaborer un protocole méticuleux pour ne pas commettre d’erreur :

        • Évaluer l’état physique des photographies et le cas échéant prévoir une phase de reconditionnement, de nettoyage et éventuellement prévoir des restaurations
        • Établir un inventaire détaillé des items à numériser
        • Préconfigurer ma numérisation pour répondre aux usages des fichiers (dimensions/résolutions)
        • Mettre en place un plan de nommage (Nom du fichier et IPTC)
        • Organiser le plan de classement

    Je me suis équipée d’un serveur (NAS) Western Digital, une solution de stockage en réseau (NAS) haute performance. Cela me permet d’accéder et lire depuis n’importe quel endroit doté d’une connexion internet l’ensemble des archives du serveur (y compris les fichiers lourds en haute définition). Cet accès rapide et facile me permet d’être réactive lors de demande des musées ou institutions. À l’ère du numérique cet outil est essentiel.

    Le plan de nommage et plan de classement

    Ces deux étapes sont à mettre en place en amont de toute campagne de numérisation.

    Le nommage est l’attribution d’un nom à un fichier électronique, selon des règles précises destinées à faciliter la gestion des documents. Le nommage le plus courant est le modèle suivant :

    {Initiales/année/mois/jour/noir et blanc(W) ou couleur(Z)/numéro du film_sous numéro}

    Par exemple pour un cliché noir et blanc d’André Ostier du 8 décembre 1958 :  AO19581208W0040_35
    Il existe des variantes à adapter pour chaque fonds et chaque méthode d’inventaire.

    Le plan de classement (aussi appelé arborescence) est un ensemble de règles permettant de classer les documents informatiques. L’objectif de ces règles est d’aider à assurer une gestion pérenne et efficace des données.
    L’utilisation de règles de nommage dès la création d’un document et la mise en place d’une arborescence a priori sont les deux éléments clés d’une bonne gestion à long terme des documents et données électroniques.

    L’archiviste est en fait un « saumon » par nature : il remonte à la source pour retrouver ces fichiers numériques.

    La pérennité

    Il est important de conserver toutes ces photographies mais il faut ensuite penser à la valorisation de celles-ci.

    Des archives rangées et inventoriées, mises dans un coffre-fort étanche et très bien sécurisé mais auxquelles plus personne n’aurait accès, n’aurait pas grande utilité.

    En parallèle du travail effectué sur le fonds, j’ai créé des outils spécifiques à l’Association tels qu’une charte graphique comprenant la papeterie ainsi que des documents administratifs (papier à en-tête, formulaires, conventions, contrat de prêt, facturation, etc.) structurant la vie administrative et commerciale du fonds.

    Cela permet de créer une image de marque autour du personnage d’André Ostier, de véhiculer une image reflétant le travail et la personnalité du photographe.

    De plus, créer une identité pour l’Association des Amis d’André Ostier me paraissait évident pour communiquer auprès de nos différents interlocuteurs de manière cohérente et pour construire une image positive, clairement identifiée par des codes graphiques.

    Valoriser un fonds

    La valorisation est un volet de la prise en main d’un fonds qui relève d’autres compétences. En effet, elle peut prendre plusieurs aspects : exposition, dispositif multimédia, édition papier ou en ligne. La forme de la valorisation dépend du fonds, des moyens humains et financiers disponibles, des choix éditoriaux, du public visé, etc.

    Lorsque l’on définit précisément les objectifs de valorisation cela permet d’adapter au mieux les moyens nécessaires à leur mise en œuvre, en fonction de l’état du fonds, de sa valeur, et bien évidemment des publics potentiellement intéressés.

    Le but étant de donner accès au fonds simplement aux chercheurs.euses, historiens.ennes, étudiants.es mais surtout permettre aux curateurs.trices, commissaires d’expositions, responsables de collections d’avoir connaissance de l’existence de ce fonds.

    C’est en favorisant la circulation et la diffusion qu’un fonds pourra réellement sortir de « ses cartons ».

    Exister sur la toile

    J’ai créé un profil Instagram afin de faire exister André Ostier sur LE réseau social de l’image.  L’objectif de ce profil est de partager un échantillon de l’œuvre d’André Ostier, de lever le voile sur les coulisses du processus d’archivages d’un fonds photographique et d’informer sur l’histoire du photographe.

    Instagram m’a permis de donner de la visibilité à l’ensemble des facettes du travail entrepris sur le fonds d’André Ostier en allant chercher des documents dans les domaines de la mode, des photos de Paris, des voyages, ce qui a eu un effet révélateur très salutaire.

    « L’effet Instagram » ne s’est pas fait attendre et cette visibilité nous a amené des clients et contacts. 

    Depuis juin 2022, un site Internet André Ostier est en ligne. Co-réalisé avec le Studio TTT, j’ai travaillé pendant 2 ans pour présenter une biographie, une chronologie et des clichés par thèmes traités par André Ostier. Le but n’est pas d’être exhaustif mais, au contraire, donner un avant-goût de l’ensemble de l’œuvre du photographe.

    Ça ne fait aucun doute, la présence sur Instagram et l’existence d’un site internet officiel a permis d’accroitre la circulation de l’œuvre en la faisant mieux connaître du public et particulièrement auprès des prescripteurs que sont les musées français et étrangers, les institutionnels, les revues d’art et mode, les maisons d’éditions, les agences photos et presse.

     

     

    « Le fonds photographique de mon oncle André Ostier a pesé des années comme un cadeau encombrant. Cet ensemble riche de promesses a fini par nous mettre en demeure d’agir, non plus pour préserver mais pour faire comprendre, découvrir et partager. Il était donc urgent de trouver des solutions, des talents, des compétences pour que ses clichés soient, comme c’est le cas aujourd’hui, de nouveau accessibles et publiés. »

     

    Adrien Ostier
    Ayant droit

    Affiche "Bonnard Les couleurs de la lumière"_Musée de Grenoble
    Affiche "Chagall en éditions limitées"_Musée National Marc Chagall
    Affiche "Vogue Paris 1920-2020"_Palais Galliera

    Vendre la photographie 

    L’une des difficultés de la diffusion photographique – milieu qui reste concurrentiel – est d’être en mesure de proposer des tarifs attractifs pour le client, mais néanmoins suffisamment rentables pour assurer la continuité des activités du fonds.

    En l’absence d’une règle claire, j’ai effectué une veille en confrontant différentes sources : la SAIF (Société des Auteurs des Arts Visuels et de l’Image Fixe) ; la SCAM (Société civile des auteurs multimédia) ; l’ADAGP (Société des Auteurs Dans les Arts Graphiques et Plastiques) ;  l’UPP  (Union des Photographes Professionnels).

    J’ai ensuite pointé les factures des vingt dernières années qui me donnaient une estimation de l’évolution des prix de cession de droits concernant André Ostier. Ces éléments, adaptés selon la nature du client, m’ont permis de proposer des tarifs qui ont parfois été négociés à la marge, mais jamais rejetés.

    Les échanges avec les autres ayants-droits de fonds photographiques m’ont permis de m’initier aux « bonnes pratiques » de ce milieu particulier.

    J’ai connu peu de cas de contentieux, mais ai même pu obtenir des versements de droits auprès d’institutions (musées) qui avaient « omis » de se rapprocher de nous ou tout simplement ignoraient comment contacter les ayant-droits.

    Grâce à Instagram et au site Internet, ce genre de situation se présente de moins en moins.

    Pour éviter tout litige, je me suis rapprochée d’avocats spécialisés dans la photographie ; à présent, l’association se fait accompagner sur différents sujets juridiques (Conditions générales de vente, sécurité de l’image sur internet, contrat types, etc.)

    Parmi les interlocuteurs avec lesquels j’ai travaillé, je relève :

    – Musée National Marc Chagall (expo « Chagall en éditions limitées : les livres illustrés »)
    – Musée National Picasso-Paris (diverses expositions)
    – Musée de l’histoire de l’immigration – Palais de la Porte Dorée, (expo « Picasso, l’étranger »)
    – Dior Héritage, Dior Couture, Dior Parfum et la Galerie Dior (Multiples Ouvrages, ouverture de la Galerie Dior)
    – Le musée Guggenheim de Bilbao, (expo « Vieira Da Silva, L’œil du labyrinthe »)
    – Pierre Cardin, (Ouvrage « Pierre Cardin – Mode, mythe, modernité »)
    – The Museum of Sex de New York, (“Leonor Fini : theatre of desire, 1930-1990”)
    – Vogue France (créations Christian Dior)
    – Palais Galliera – Musée de la Mode de la Ville de Paris (expo «  Vogue Paris 1920-2020 »)
    – Le Palais des Lumières d’Évian (expo « Christian Bérard, au théâtre de la vie »)
    – Le Nouveau Musée Moderne de Monaco, (expo « Christian Bérard, Excentrique Bébé »)
    – Le musée des Beaux-Arts de Grenoble, (expo « Bonnard)
    – Le Museum für angewandte Kunst (MAK), musée des Arts Appliqués de Vienne (expo prévue pour 2023 sur les grands bals de l’entre-deux-guerres)

    Grâce à ces différents projets, je suis, à présent, à même de mettre en place une politique commerciale, avec parfois des gestes commerciaux appréciés, et maîtrise l’ensemble de la chaîne des tâches concernant la diffusion et la valorisation d’un fonds photographique.

    Affiche "Christian Bérard Excentrique Bébé"_NMNM
    Affiche expo "Picasso L'Étranger"_Musée de l'immigration
    Affiche expo "Picasso L'Étranger"_Musée de l'immigration

    De beaux projets pour l’avenir

    Grâce à la mise en place de différents outils, la réactivité du fonds est désormais optimum : toute demande obtenant une réponse dans la journée, avec, le cas échéant, envoi d’une planche contact numérisée ou d’images basse définition pour permettre le choix au client.

    Le site Internet nous donne avec Instagram une audience qui manquait jusqu’à présent et permet à André Ostier d’être présent sur les réseaux. De nos jours, il paraît impensable de se priver de cette large visibilité.

    Après ces deux ans passés auprès du fonds, je maîtrise aujourd’hui les aspects techniques et artistiques du développement, de la retouche et de l’encadrement en lien avec les laboratoires et peut assurer une production dans les délais. Je suis apte à prendre des décisions en cas de difficultés techniques et à assurer un véritable conseil en matière de direction artistique.

    Aujourd’hui je suis en capacité de représenter le fonds André Ostier partout et auprès de tous les partenaires dans une démarche proactive qui me permet d’anticiper la demande et de faire reconnaître André Ostier auprès des professionnels de l’image.

    Après m’être rendue une première fois aux Rencontres photographiques d’Arles l’an dernier, je m’y rends de nouveau cette année pour la semaine d’ouverture professionnelle, officiellement représentante du fonds Ostier. Il est apparu comme une évidence que je m’y rende pour porter et présenter le projet de valorisation du fonds aux Rencontres.

    Je maîtrise l’intelligence du fonds et suis désormais apte à m’adapter aux exigences de tout autre fonds photographique ou à tout autre fonds d’ordre patrimonial, artistique et intellectuel.

    Je suis capable de traiter en autonomie tous les aspects concernant les besoins d’exposition des musées nationaux et internationaux, ainsi que de répondre aux demandes de la presse et de l’édition.

    Gardien de la mémoire, l’archi­viste est aussi un média­teur : en valo­ri­sant les archi­ves et en les com­mu­ni­quant aux publics qui le sou­hai­tent, il trans­met et fait vivre cette mémoire. Il contri­bue au par­tage des connais­san­ces.

    L’archi­viste doit connaî­tre le passé, maî­tri­ser le pré­sent et pré­pa­rer l’avenir : les docu­ments d’aujourd’hui seront demain les maté­riaux de l’Histoire.

    Céleste Trétout

    Archiviste
    Responsable du fonds André Ostier
    06 09 81 02 60
    celeste@andreostier.com